Caricature de MELENCHON

Au service du peuple, dans une lutte sans gloire… et sans pitié

Cette caricature représente Jean-Luc Mélenchon en bouledogue puissant. Une chose est certaine: il ne sera pas sélectionné dans un concours de chiens de salon. Il est né le 19 août 1951 à Tanger au Maroc, d’un père receveur des PTT et d’une mère institutrice. Après le divorce de ses parents, il suit sa mère en Normandie en 1962. Il y fait froid et on le traite de Bico. Pendant ses études, il travaille dans une imprimerie puis dans une station service. Après sa licence de philosophie, il sera professeur de Français puis journaliste. Si l’on observe la stature de ce molosse dans cette caricature, on remarque qu’il prend appui fermement sur le sol car il veut militer au plus près du peuple.

Le poitrail est large et se redresse de toute sa hauteur pour se mesurer à l’adversaire. Jean-Luc Mélenchon est un personnage convaincu dans son rôle de militant. Il fait ses premiers pas en 1968 dans l’Organisation Communiste Internationaliste. En 1976, il adhère au PS. Puis, en 2008, il quitte le PS et crée le Parti de Gauche. L’animal caricaturé est fier et croit en sa mission. Sa coiffure caractéristique qui se dresse sur la tête accentue encore plus son allure rebelle. Sa voix est tonitruante, le verbe incisif, le caractère s’emporte. On fait souvent de lui la caricature d’un tribun, au service de la plèbe romaine, la classe qui s’opposait aux dirigeants.

Des crocs, c’est vrai qu’il en montre deux bien acérés. Jean-Luc Mélenchon veut se battre pour ses idées. Une manifestation mémorable a lieu place de la Bastille en mars 2012 : « Nous voici de retour, le peuple de la Révolution. »

En 2016, il propose un mouvement citoyen: la France Insoumise en vue de l’élection présidentielle de 2017. Au premier tour, il se place en quatrième position derrière Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon. Pour le second tour, il ne donne pas de consigne de vote, ce qui lui sera beaucoup reproché. La dessinatrice caricaturiste Bénédicte, dans le Courrier International de mai 2017, croque un électeur se rendant péniblement au bureau de vote pour le second tour car il traîne derrière lui un énorme boulet du nom de Mélenchon.

Le symbole du bouledogue choisi par le caricaturiste ne sera peut-être pas compris par les amis de cette race de chiens. En effet, si l’on en croit leur description, le bouledogue est très doux et très affectueux. Assez paresseux, le calme et la tranquillité lui siéent à merveille. Il est très social et très tolérant. C’est un chien de famille et ce, peu importe l’âge des résidents de la maison, il aime tout le monde.

Est-ce donc à tort que le bouledogue serait coupable du délit de sale gueule? Il est vrai qu’à y regarder de plus près, les canines ne sont pas bien menaçantes et il n’a pas la férocité d’un pitbull. Pour sa défense, nous pouvons reprendre cet échange de 2010 où Jean-Pierre Coffe lui dit: « Mettez du gras, de la bonne humeur et de l’indulgence vis-à-vis des autres », ce à quoi Jean-Luc Mélenchon répondit : « Je suis dans une lutte, pas dans une promenade de santé. »

Ce 16 octobre 2018, une perquisition est opérée à son domicile et au siège de son parti pour enquêter sur ses comptes de campagne et des emplois fictifs éventuels de parlementaires européens. L’opération de police judiciaire a failli tourner au drame devant les menaces et les violences du député. Le caricaturiste Chenu, pour Ouest-France, dessine Jean Luc Mélenchon en posture d’art martial, se préparant à frapper deux policiers à terre. L’élan qu’il a pris le positionne bien au-dessus d’eux et fait écho à la légende du dessin: Il se croit au-dessus des Lois.

Lilou Pluenn

04 novembre 2018